Il suffira d’un signe…
Cette édition est particulière : j’ai une proposition à vous faire.
Chaque mois, je relève le défi :
- d’écrire une histoire très courte : 3000 caractères max
- en suivant un arc narratif précis : il en existe 6 théoriques dans le monde du roman, des films et…du branding – avec tout un tas de variantes
- et de vous l’envoyer dans la section DIEGESIS : le spin off de cette missive.
Mon but avec DIEGESIS est de célébrer en un minimum de lignes l’art du “storytelling” dont le meilleur équivalent en français est je crois : le mot “narration” (et non ‘bullshit’ :))
Parce que 3000 caractères, c’est court, très court pour une histoire !
C’est précisément la longueur maximum d’un post Linkedin.
Mon choix n’est évidemment pas un hasard : je veux revisiter toute la noblesse du mot “storytelling”, pris en otage par les pires communicants ou marketeurs, en vous montrant qu’il est possible :
- d’écrire des histoires pas trop nulles qui se tiennent,
- de respecter un format très court transférable aux réseaux sociaux,
- d’utiliser les arcs narratifs que les meilleurs scénaristes et plumes suivent et revisitent pour écrire des histoires qui font le sel de notre culture littéraire, cinématographique et sociétale.
Je vous propose donc de choisir entre :
- lire d’abord l’histoire du mois (3 minutes de lecture) ET ENSUITE découvrir l’arc narratif que j’ai suivi.
ou
- découvrir tout de suite l’arc que j’ai suivi PUIS lire l’histoire 🙂
–
Up to you guys 💙
Ah oui, et évidemment, pour celles et ceux qui aiment le passage à l’action : je vous mets au défi de publier votre prochaine histoire Linkedin en suivant le même arc narratif “From rags to riches” – n’hésitez pas à me mentionner, si vous le souhaitez.
L’histoire → “Signes ☄”
L’arc narratif de cette histoire
Pour commencer, je veux quand même préciser qu’un “arc narratif” est la structure d’un récit1.
Les récits courts ont un seul arc narratif; les récits plus longs en ont plusieurs qui se succèdent.
Contrairement à l’intrigue qui correspond à une série d’évènements (ce qu’il se passe), l’arc narratif est plus comme votre tactique de narration : c’est la manière et l’ordre dans lequel vous enchaînez ces évènements pour créer un maximum de mouvement, d’émotions et de rétention d’attention.
En gros, vous pouvez avoir des évènements intéressants à raconter (une bonne intrigue) mais mal les enchaîner (un mauvais arc narratif); ou l’inverse.
L’idéal étant de travailler vos évènements, votre arc et bien sûr : vos personnages pour garder vos lecteurs avec vous du début à la fin.
Pour cette édition de DIEGESIS, j’ai choisi l’arc narratif le plus classique et “facile” (🙄 façon de parler !) qui se prêtait bien aux évènements que je voulais raconter.
👉 Type d’arc narratif : “Des haillons à la richesse” (“From rags to riches”).
▶ Mode : ascension (situation difficile vers situation facile).
☄ Valeur principale du protagoniste : besoin de transcendance.
🌪 Twist : la fin est contrastée. Elle n’est pas entièrement “facile” à proprement parler mais propose une ouverture.
🔥 Etapes : j’ai suivi les étapes d’un arc narratif standard en ne consacrant pas du tout le même nombre de lignes à chaque étape, cf. ce merveilleux schéma fait sur mon livre de brouillon :
Voici le nombre de lignes consacré par étape :
1 ) Exposition / Mise en contexte (4 lignes)
2) Element déclencheur (2 lignes)
3) Développement (24 lignes)
4) Dilemme (2 lignes)
5) Climax (8 lignes)
6) Résolution (5 lignes)
Qu’en pensez-vous ?
A bientôt,
Marie – Sur Linkedin – Sur le site BILS
https://thewritepractice.com/story-arcs/
😳 Tu rentres dans le moule ou tu sors !
Cette phrase : “Dans le moule on s’abime” est de la chanteuse Suzanne, plus particulièrement de sa chanson “Pas beaux” que j’avais découverte en 2020 lors d’un confinement [Extrait] ⤵
“Puisque nos corps sont des chiffres
Soustraits à des standards
Pour rentrer dans l’moule on s’abîme
Se courbe aux lignes des magazines
Garder la ligne c’est tout un art”
Ces paroles traitent l’angle du moule physique et esthétique d’une culture occidentale qui fait l’apologie des tailles XS, en particulier chez les femmes.
Mais le sujet des injonctions à rentrer dans un “moule” est bien plus vaste (unfortunately).
Suzanne fait partie de ces voix qui ont une sacrée plume.
Je vous propose aujourd’hui d’être de ces plumes qui ont une sacrée voix 🙂
Au programme :
1 – Anecdote courte : “Tu rentres dans le moule ou tu sors”
2 – “So good they can’t ignore you” (Cal Newport) : le message à contre-courant de ce livre
3 – Nouveau livre numérique BILS : j’ai besoin de vous 💙
1 – Anecdote courte : “Tu rentres dans le moule ou tu sors”
Le soleil chauffait notre salle de cours de plein fouet.
Nous étions une vingtaine d’élèves de Terminale à bavarder en attendant notre prof d’espagnol. Le meilleur de l’établissement.
Peut-être même de tous les temps.
Monsieur L. était de ces personnes aussi talentueuses qu’insupportables dont on tolère les folies comme monnaie d’échange d’un enseignement hors pair.
Grâce à lui, mon évaluateur à l’oral au Bac m’avait demandé si j’avais des origines madrilène.
Grâce à lui, j’étais tombée amoureuse de l’Andalousie et en Andalousie, lors d’un voyage de classe.
Grâce à lui, j’avais trouvé un répit latin exaltant au coeur d’un cursus envahi par des cours d’anglais “bilingue” aussi chaleureux que le ciel londonien.
Mais un jour, Monsieur L. était arrivé avec 3 minutes de retard, sapé comme jamais et sérieux comme toujours. Il y avait de l’orage sous ses sourcils épais.
Je l’avais fixé avec cette fausse nonchalance habituelle qui cachait mon malaise dans un système scolaire que je trouvais étouffant. Il m’avait rendu un regard aussi froid qu’une arme de picador.
— Maria, el chicle* ! (*le chewing-gum »)
Je me rappelle avoir sursauté et mis un certain temps à comprendre de quoi ce prof de bien mauvais poil voulait parler.
Comprenant subitement que mon chewing gum AirWaves au cassis n’était le bienvenu ni dans ma bouche, ni dans sa classe, j’avais tourné ma tête vers la droite, en attente de ses instructions.
— En la basura* ! (*dans la poubelle), m’avait-il dit sèchement en pointant la poubelle du bout du doigt.
Je m’étais levée lentement pour ne surtout pas donner l’impression d’obéir à son élan d’autoritarisme que j’appréciais assez mal.
Mais il avait insisté, le bougre :
— Tu rentres dans le moule ou tu sors !
Il savait comment me glacer. Je me souviens de cette phrase 22 ans après comme si c’était hier. Ce jour-là, j’avais regardé la porte et je m’étais dit que pour rien au monde je ne rentrerais dans le moindre moule.
Encore moins pour un chewing gum. Encore moins le sien. Joder.
Et puis, j’ai flanché.
J’avais 16 ans, j’aimais bien mon prof, lui aussi m’aimait bien. Et ce jour là j’avais choisi de cracher mon chewing-gum et de ravaler mon égo tout en faisant un pacte avec moi même.
Je lui obéissais pour sauver les apparences mais je me promettais de tracer mon chemin en résistant à vie et sans relâche à toutes sortes de conformisme.
— ¡ Bien. Buenas tardes a todos !
2 – “So good they can’t ignore you” (Cal Newport) : le message à contre-courant de ce livre
Quand j’ai commencé à travailler en freelance, tout le monde lisait ce livre.
Sauf moi 🙂
J’étais concentrée sur les ouvrages américains de références en copywriting pour sonder le monde passionnant de la publicité et des manoeuvres verbales.
3 ans plus tard, je décide enfin d’entamer le livre “So good they can’t ignore you” de Cal Newport et j’aimerais vous faire part de son message surprenant en quelques lignes.
Newport s’évertue à démontrer tout au long de son livre que vouloir exercer un “métier passion” est une grosse erreur qui mène trop souvent à la désillusion et au désarroi.
En revanche, il explique qu’un chemin plus efficace et prolifique consiste à développer des compétences à un tel niveau d’excellence que le monde vient vous chercher de lui même et que votre métier devient passionnant.
Vous saisissez l’énorme nuance entre ces deux visions ?
- Le moule : “faites ce qui vous passionne et votre vie sera exceptionnelle”
- L’anti moule : “faites des choses exceptionnelles et votre vie sera passionnante”
Ma spécialité étant dans la synthèse et les formats courts, je n’irai pas plus loin : vous avez l’essentiel.
Mais j’ai quand même une dernière chose sympa à vous annoncer dans la 3ème et dernière partie de cette missive. 👄 ⤵
3 – Nouveau livre BILS : j’ai besoin de vous 💙
Je suis sidérée depuis un moment maintenant par la vision binaire que les gens ont du web et des réseaux sociaux – notamment de Linkedin.
- Soit on est un(e) vendu(e), étalé(e) comme une carpette aux pieds des algorithmes et on s’en fout plein les poches.
- Soit on est un(e) artiste libre et original(e) qui ne s’abaisse pas à respecter des codes avilissants et on renonce à sa visibilité.
C’est du bullshit. Ces deux visions sont autant un moule l’une que l’autre.
- Suivre tous les codes et imiter son voisin pour être sûr(e) de bien faire est un moule d’un ennui sans nom, qui mène à l’invisibilité.
- Ne suivre aucun codes sous prétexte de vouloir rester soi même est un autre moule que je trouve assez stérile et qui mène tout autant à l’invisibilité.
Ces 3 dernières années, j’ai dû trouver un équilibre “urgent”, pour gagner ma vie, préserver ma santé mentale, prendre le temps d’adresser une errance médicale qui m’a pompé une énergie et un temps dingues, développer ma plume et augmenter la qualité de mes missions – tout à la fois.
Je n’aurais jamais pu continuer de rembourser ma maison tout en allant chez un nouveau médecin toutes les semaines et tout en continuant de faire grimper mes compétences si je n’avais pas choisi quels codes suivre et quels codes rejeter.
C’est pour cette raison et pour aider toutes celles et ceux qui ont du mal à trouver l’équilibre entre le jeu du web et leur propre identité, que j’ai choisi d’intituler le prochain livre numérique BILS :
“Ecrire en public : suivez ces 5 codes et cassez tous les autres” (livre numérique en cours d’écriture).
Ce livre est en pré-vente à 15€ au lieu de 25€ pour une sortie prévue le 1er novembre. Tout est à écrire.
Je l’offre par défaut à toutes les personnes inscrite à un coaching BILS 1, 30 ou 90 jours entre le 1er septembre et le 31 octobre.
💌 Avant de nous quitter, je serais heureuse et reconnaissante que vous me disiez par mail, les “codes” ou “habitudes” qui vous semblent faciles à suivre d’une part et difficiles à suivre d’autre part – dans vos prises de parole.
Merci 💙