Publication Linkedin – Mars 2022 – Territoire d‘Expression : philosophie quotidienne et storytelling

Notre société fabrique trop de grandes gueules qui brassent du vent.

Vous connaissez forcément ce gars ou cette fille réservés.
Le genre qui ne parle pas beaucoup, sauf dans l’intimité.

Appelons-les : Henri et Alice, tiens.

Quand les gens parlent d’Henri, ils prennent un air un peu désabusé.

« Parce qu’Henri, il dit rien. C’est pas le mec le plus fun » ou « il est pas très charismatique » voire carrément « pas intéressant. »

Et puis Alice « elle est gentille mais…si vous ne lui laissez pas 10 secondes de blanc, elle ne prendra jamais la parole. » Alice, c’est « la nana effacée qui n’a pastrop de personnalité ».

En fait ça, ce sont les jugements de grandes bouches qui déblatèrent toujours plus haut et plus fort que le monde.

Qui ne connaissent pas le bonheur d’apprendre à découvrir cet Autre un peu pudique.
Qui confondent les temps morts avec les temps longs.
Qui ont tellement peur de perdre leur place qu’ils ne savent plus en faire.

Et qui font d’Henri et d’Alice des contre modèles sociaux. En vous laissant croire que pour exister, vous devez être un agité.

Un confiant. Un marrant. Un tonitruant.
Une badass. Une bombasse. Une chagasse.

Avant je ne regardais pas trop les Henri et les Alice. Ils m’indifféraient puisqu’ils ne faisaient pas de bruit.

Mais le bruit n’est pas la mélodie.

Alors… je me suis mise à les observer – mieux et à les écouter – plus.

J’ai compris comme leur univers un peu caché était vaste et comme celui des brasseurs de vent était petit.

J’ai réalisé que les silencieux étaient souvent des êtres merveilleux.

J’ai changé mon regard de la scène vers les coulisses.

Je me suis mise à les aimer vraiment, ces Henri, ces Alice

L’original