Publication Linkedin – Mars 2022 – Territoire d‘Expression : philo et réseaux sociaux
Certains jours je me réveille et je me souviens qu’il y a des femmes et des hommes derrière les emojis sous mes posts.
Je regarde les prénoms, les noms, les visages, les regards de face ou de biais. Les intitulés de poste. Les emojis qui se baladent entre les mots.
Je clique et je découvre des biographies.
Certaines ont un ton très académique, d’autres très enthousiaste.
D’autres encore respirent la passion d’oeuvrer pour le monde.J’imagine tout de suite le type de voix qui pourrait me parler à travers ces lignes. Je dévisage les photos avec curiosité et respect, puis j’envisage.
Parfois je fais une demande de « connexion ». Puis je m’arrête et m’interroge sur le sens véritable de ce mot surcôté que nous respectons trop mal.
A force d’apprendre à communiquer, nous en oublions de nous lier. Ou de nous relier.
Nous nous connectons à un profil comme nous nous connectons au wi-fi.
Nous mettons un like à un texte comme nous approuvons le meilleur burger d’un resto.
Nous commentons pour manifester notre présence, notre existence, nos idées si précieuses que nous voulons faire émerger dans un brouhaha numérique tonitruant.
Nous nous battons sans cesse pour être vus et entendus, tout en prônant le droit au silence et à l’absence.
Nous voulons étendre notre réseau, tout en souffrant du non sens de ces injonctions à la croissance d’absolument tout.
De notre nombre d’abonnés. De notre CA. De nos vues.
Nous pleurons la violence et la guerre, mais nous peinons à faire régner la paix dans nos conversations en ligne. Voire dans notre relation à nous-mêmes.
Nous cherchons la liberté mais nous nous comparons sans cesse à ceux qui semblent « réussir » mieux que nous. Alors même que nous ne savons rien de leur réalité.Je vous propose ce matin de reprendre une citation du stoïcien Epictète qui m’inspire tant :
« Il n’y a qu’une route vers le bonheur c’est de renoncer aux choses qui ne dépendent pas de notre volonté. »
Je vous propose ce matin de lâcher prise sur votre impuissance devant un monde que vous ne pouvez pas sauver à la force du poignet.
Je vous propose ce matin de revenir à vous, à vos désirs profonds, à vos besoins, à vos aspirations – de paix, d’harmonie, de beauté, de lien, de vérité.
Et à les honorer.