Parce que j’ai un parti pris fort et les personnes que jâaccompagne savent comme la notion de âparti prisâ est centrale dans toute stratĂ©gie de communication de marque personnelle ou de marque tout court !
Câest dâĂ©crire quand jâai quelque chose Ă dire.
Ou plutĂŽt, de nâĂ©crire – que – quand jâai quelque chose Ă (vous) dire.
Et jâĂ©tais un peu sĂšche ces derniers jours.
Je ne crois pas aux calendriers Ă©ditoriaux bourrĂ©s Ă craquer de prises de parole Ă toutes les sauces : Black Friday, les calendriers de lâavent, NoĂ«l, New Year : New You, allez hop on se les fait tous, on pousse, on produit !
Tout ça est un monde révolu à mes yeux : le monde de la consommation.
Dans cette Ă©dition, je veux vous inviter Ă ne plus consommer mais Ă choisir.
Quoi ? Tout.
Du contenu Ă la bouffe quâil y a dans votre frigo.
Vous verrez quâen changeant un verbe vous changerez votre vie.
PS : je remercie Thomas Wagner, fondateur de lâincroyable media indĂ©pendant âBon Poteâ qui fait un travail monstrueux de sensibilisation et dâaction Ă©cologiques. Son post du jour – et mon commentaire – on Ă©tĂ© lâĂ©tincelle de cette Ă©dition.
- Le plus grand problÚme que je rencontre en coaching et pourquoi nous sommes tous concerné(e)s
- Comment prendre de la hauteur avec Georges Orwell
- Cette semaine sur Linkedin
Je voudrais ĂȘtre claire, ce nâest pas un problĂšme spĂ©cifique aux personnes que jâaccompagne, câest un problĂšme gĂ©nĂ©ralisĂ© que le coaching met en Ă©vidence !
Ce qui veut dire que nous sommes tous concerné(e)s !
Ce problĂšme, câest de laisser les mots penser Ă notre place.
Vous allez voir, vous ĂȘtes Ă quelques lignes dâun âaha momentâ.
Françoise Thom, historienne et soviĂ©tologue, auteure de lâouvrage La Langue de bois – Ă©ditions Julliard, nous dit :
âQuand on sâexprime mal, on pense mal ou pas du tout. Le but de la novlangue dans 1984 est de parvenir Ă lâanĂ©antissement de la pensĂ©e et remplacer le sens par le signal.â
On sâapproche de Georges Orwell et de la 2Ăšme partie avec cette analyse de la ânovlangueâ – concept star de la bombe quâest son livre â1984â (meilleure annĂ©e de naissance by the way).
Cette phrase de Françoise Thom dénonce la maniÚre dont les mots façonnent nos pensées et vice versa.
Quand je vous propose en intro de choisir du contenu, de choisir ce que vous mangez, de choisir qui vous voyez, qui vous aimez, ce que vous dites, ce que vous Ă©crivez – plutĂŽt que de consommer du contenu, de consommer des plats, de consommer des relations, câest parce que les mots sont les prĂ©misses de nos actes.
La novlangue a justement le pouvoir diabolique dâempĂȘcher les humains de penser en retirant un maximum de nuances verbales de leurs tĂȘtes, en rĂ©duisant leur langage Ă son rĂŽle le plus basique et pire, en modifiant leur perception des choses.
Par exemple, si je vous dis :
âJâaspire Ă lâexcellence afin de remettre lâhumain au centre des processus de mon activitĂ© pour mettre en place un systĂšme vertueuxâ
Quâest ce que je vous dis ? đ (Spoiler : je vous enfĂ»me)
- Que veut dire âaspirer Ă lâexcellenceâ ?
- Avons-nous la mĂȘme dĂ©finition de lâexcellence ?
- Que veut-dire âremettre lâhumain au centre des processusâ ?
- Lâhumain peut-il ĂȘtre au centre dâun processus ?
- Selon quels critĂšres de jugement ?
- Selon quelles valeurs ?
- Dans quelles limites ?
- Quâest ce quâun systĂšme vertueux ?
- Quelles sont les vertus qui comptent pour moi ?
Vous voyez dans cet exemple ubuesque mais pas si irrĂ©aliste quâon peut se charger de mots et ne rien dire.
Ou pire encore, laisser ses lecteurs ou auditeurs dans une confusion qui les déstructure.
Et le rapport avec le coaching et nous tous lĂ dedans ?
Câest lâhabitude de prendre des raccourcis en sortant des expressions dont on ne questionne plus le sens.
Câest lĂ que Georges arrive Ă la rescousse (vous allez voir, il est fort ce Georges)
Orwell nous dit cette phrase merveilleuse :
âCe qui importe avant tout, c’est que le sens gouverne le choix des mots, et non l’inverse. En matiĂšre de prose, la pire des choses que l’on puisse faire avec les mots est de s’abandonner Ă eux.â
Les mots ont un pouvoir fou quand vous les utilisez pour désigner ce à quoi vous pensez; pas quand ils court-circuitent votre pensée.
Quand Orwell parle de âsâabandonnerâ aux mots, il ne parle pas de libĂ©rer sa plume ou sa parole en freestyle, mais de lĂącher des mots, des expressions ou des termes de maniĂšre automatique.
Câest ce que je vois tous-les-jours sur les rĂ©seaux sociaux : les mĂȘmes formules, utilisĂ©es par tout le monde, indiffĂ©remment et partout.
Si je sortais les posts de leur contexte je serais incapable de dire qui les a Ă©crits et cela nâa rien Ă voir avec le âniveau dâĂ©critureâ. Câest une question de sens.
Les mots sont utilisés à tort et à travers.
Ils ne veulent plus rien dire et ils ne disent plus rien de ceux qui les utilisent !
On continue. Georges nous dit ensuite :
âQuand vous pensez Ă un objet concret, vous n’avez pas besoin de mots, et si vous voulez dĂ©crire ce que vous venez de visualiser, vous vous mettrez sans doute alors en quĂȘte des termes qui vous paraĂźtront les plus adĂ©quats.â
Vous voyez une chaise en bois (câest un objet concret) â vous dĂ©crivez cette chaise en bois avec les mots que vous souhaitez : ceux qui vous semblent âles plus adĂ©quats. Normal.
Mais⊠:
âQuand vous pensez Ă une notion abstraite, vous ĂȘtes plus enclin Ă recourir d’emblĂ©e aux mots, si bien qu’Ă moins d’un effort conscient pour Ă©viter ce travers, le jargon existant s’impose Ă vous et fait le travail Ă votre place, au risque de brouiller ou mĂȘme d’altĂ©rer le sens de votre rĂ©flexion (âŠ)â
Ici, ce nâest plus une chaise en bois au milieu de votre salon que vous voulez dĂ©crire. Câest un concept.
Prenons par exemple, lâidĂ©e de persĂ©vĂ©rer dans votre activitĂ© professionnelle mĂȘme quand les rĂ©sultats ne sont pas encore lĂ .
- Est ce que vous allez regarder la situation en face et la dĂ©crire avec les mots que vous avez – choisis.
- Ou est ce que votre cerveau va faire un fucking raccourci et dire – au hasard :Â âfake it until you make itâ ?
Vous savez, cette phrase magique qui grouille partout et qui voudrait dire, en gros, que si vous faites semblant de savoir de quoi vous parlez, sur un malentendu ça pourrait marcher, le temps que vous sachiez vraiment de quoi vous parlez.
Mais en fait non, ça veut peut ĂȘtre dire autre chose.
Bon je ne sais pas trop. Et câest normal đ Personne ne sait, câest le but.
Cette phrase est un raccourci de pensĂ©e qui veut dire Ă peu prĂšs la mĂȘme chose dans lâesprit collectif mais jamais vraiment rien de prĂ©cis.
Câest le danger quâOrwell dĂ©nonce : âsâabandonner au motsâ, au jargon, aux expressions toutes faites qui altĂšrent le sens de notre rĂ©flexion.
Et lĂ il conclue :
âSans doute vaut-il mieux s’abstenir, dans la mesure du possible, de recourir aux termes abstraits et et essayer de s’exprimer clairement par le biais de l’image ou de la sensation (âŠ)â
Je le trouve trĂšs soft dans sa proposition đ Un non violent ce Georges.
Câest trĂšs clair : essayez de vous exprimer clairement par le biais de ce que vous voyez et/ou ressentez, pas par des formules !
Il nous propose quand mĂȘme en guise de call to action : âun effort mentalâ (alors oui, le mot âeffortâ est impopulaire, mais la libertĂ© ne sâest jamais gagnĂ©e sans efforts) pour :
â(âŠ) Ă©liminer toutes les images rebattues ou incohĂ©rentes, toutes les expressions prĂ©fabriquĂ©es, les rĂ©pĂ©titions inutiles et, de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, le flou et la poudre aux yeux.â
La prochaine fois que vous avez un message, une conviction, une info Ă faire passer dans votre univers professionnel ou personnel (pour moi ce sont les. mĂȘmes enjeux), vĂ©rifiez bien :
- Que les mots ou expressions que vous employez disent ce que vous voulez dire
- Sâil nây a pas une maniĂšre plus personnelle, plus signĂ©e, plus diffĂ©renciante de dire ce que vous voulez dire.
Si vous voulez faire la diffĂ©rence dans le marasme du web et trouver votre voix : prenez le pouvoir sur les mots que vous utilisez, avant quâils ne prennent le pouvoir sur vous.
A bientĂŽt,
Marie